Exercice de réflexion pour séparer l'observation de la pensée

 

Nous en arrivons maintenant au point du livre où nous sommes prêts à nous poser la question comment l'objet d'observation qui rencontre la pensée entre-t-il dans notre conscience ? (Ch.4 p.42)

Ce qui obscurcit la réponse à cette question est le fait que toute 'information du monde' dans notre conscience a déjà été imprégnée par notre pensée, et par definition,  pour que nous en soyons conscients d'une manière cognitive.  L'objet observé est déjà entrelacé avec une pensée qui discerne et nomme des objets et révèle les connexions et les relations entre ces objets.  Dans notre état de conscience habituelle, nous sommes en quelque sorte enfermé.e.s dans la  'bulle' de notre sphère de conscience - de notre façon de penser personnelle, avec nos concepts et des idées accumulés avec notre experience, et provenant en gros de notre «base de compréhension» du monde.

Ici, nous sommes invités à observer ce qui se passe réellement dans notre conscience, par l'observation intérieure et la réflexion - plutôt que de théoriser sur ce 'quelque chose', (ce monde, cet objet d'observation) et même de questionner si l'objet d'observation existe en soi avant d'entrer dans notre propre bulle de conscience.  Nous verrons ensuite que Berkeley propose qu'il n'y a pas de monde en dehors de notre propre processus d'observation intérieure, que ce que nous appelons 'objet d'observation' est uniqement à l'interieure de notre propre bulle,  en tant que chose en soi consciente.  Ensuite Kant propose d'accepter que le monde en soi existe mais que nous ne pouvons pas et ne pourrons jamais y accéder directement.

Afin d'observer comment l'objet d'observation entre dans le champ de notre conscience pour rencontrer la pensée correspondante, nous aurons besoin d'effectuer une opération de pensée - un exercice de pensée pure.  Par pensée pure nous voulons dire pensée liberée du contenu sensible.   Cet exercice ne fera d'abord pas sens pour notre pensée ordinaire, car il porte sur quelque chose qui n'est pas vécu dans notre monde sensoriel de conscience ordinaire, car nous essayons de percevoir:

*l'observation purifiée de la pensée

*la pensée restreinte, empêchée de s'attacher à l'objet correspondant.

Notre pensée et processus du penser n'est pas visible dans notre conscience ordinaire,  et semble se produire automatiquement. Elle provient 'automatiquement' de la "base de pensée" que nous nous sommes constituée, de notre trésor de concepts et d'idées, notre façon de comprendre le monde. Nous devrons effectuer une opération de pensée pour voir clairement ses polarités Pensee et Obersation, et voir comment ils réagissent et se rapportent l'une à l'autre.

Comment pouvons-nous observer l'"objet de l'observation", ou "ce qui est donné" lorsqu'il entre dans notre conscience, avant d'en prendre conscience par la pensée ? L'auteur nous donne des instructions précises, pouvons-nous penser activement à partir de ces instructions ? Puis-je, de mon propre gré, surmonter mes objections et me donner la permission d'imaginer cet exercice ?

Voici les instructions telles que je les écris pour moi-même, vous pouvez les vérifier avec le texte, et bien sûr, écrire les vôtres:

*Je retire de ma conscience du monde devant moi, tout ce qui a été ajouté par la pensée - les objets nommés et les connections entre ces objets.
*Je m'imagine (et naturellement je commence à m'imaginer comme...) un être doté d'une capacité intelligente parfaitement développée, attentif, faisant face au monde, mais ne pensant pas encore - je m'abstiens de penser, je retiens ma pensée.
*Alors je "vois" devant moi ce qui est séparé de la pensée, ce qui est en dehors et qui entre dans ma conscience.
*Il devient évident que ma conscience comme 'une chose'  est composée de deux choses, une fois que je les ai séparées pour en tenir conte de chaque...
*...et qu'en ralentissant le processus,  je peux suivre comment l'objet entre sur la "scène" de ma conscience pensante, comment ma pensée s'y accroche.

Si je peux penser fortement à ces étapes, je verrai la logique, et avec plus d'intensité de pensée, je vivrai une expérience plus intense.  J'appelle cette expérience une "méditation".