Préparer un laboratoire d'étude

Préparer un laboratoire d'étude  (un partage personnel)

Des scientifiques travaillent dans des laboratoires.  Un laboratoire est propre, préparé et équipé pour les expériences scientifiques. Allons-nous apporter le même soin à notre laboratoire d'étude « intérieur » ?

Un regard sur l'histoire et la biographie étymologique  du mot « laboratoire » révèle qu'il signifie « un lieu de travail » du latin laborare. On peut aussi extraire le mot « oratoire » de laboratoire, qui vient de « orare » pour parler, prier, plaider. Dès le début du XIVe siècle, un oratoire était une petite chapelle destinée à la prière ou au culte. Pouvons-nous préparer notre laboratoire d’étude, notre lieu intérieur de travai ? Quelle est notre prière ? Quel est l’esprit dans lequel nous abordons le travail ?

Comment puis-je éviter d'attaquer le texte avec mon intellect, rendant mon étude purement académique, sachant que cette approche n'est pas appropriée pour l'étude de ce livre ? Que puis-je faire pour me rendre disponible, 'vide',  mais alerte et attentive, accueillante pour ce qui est à venir ? De quelle partie de moi vais-je venir lorsque j'étudierai, dans quel esprit vais-je travailler ? Puis-je identifier dans ma propre expérience une manière « plus profonde » de lire, d’écouter et d’apprendre – quelles qualités puis-je observer intérieurement ? Puis-je développer un état d’esprit qui m’aidera à apprendre efficacement et à travailler avec les autres ? Suis-je prête à préparer un tel espace du mental, à « méditer » l'etude,  et parfois au moins, à transformer l'étude en méditation ?

Travailler ensemble sur la philosophie de la liberté nécessite un certain esprit et peut être très stimulant, voir un vrai défi.  Je travaille depuis quelques années sur les questions suivantes, en expérimentant sur moi-même et avec des collègues qui acceptent de me rejoindre.

*Comment puis-je dégager et nettoyer un espace de travail et de prière, un «laboratoire» dans ma conscience, où je peux travailler et où nous pouvons travailler ensemble ?

*Comment passer, de manière saine, d’une conscience individualisée ordinaire à une conscience supérieure et focalisée d’apprentissage avec l’autre ?

*Comment puis-je passer de mon état ordinaire à cet état « supérieur » positif et ouvert? Je reconnais que face à l'autre, aux mots et à la manière dont le texte est exprimé, je suis susceptible de prendre conscience de mes propres objections, perturbations, confusions, désaccords, de la fierté de mes propres connaissances durement acquises et des idées, et parfois un sentiment accablant de manque de compréhension du texte, etc.… comment puis-je inviter et nourrir un état de connaissance et de compréhension plus calme et élargi où un véritable travail d'équipe d'apprentissage peut avoir lieu ?

*Comment puis-je atteindre un état où je peux recevoir le texte inspirant de la bonne manière, en évitant d'être soumis à des influences pas serviables, tout en prenant soin de mon etre terrestre ?

 

J'ai particulierement au coeur quelque chose provenant d’un événement très douloureux dand ma vie, est d’éviter une « séparation » brutale ou scission entre de ce que j’appelle mon soi/être terrestre avec ses préoccupations et devoirs quotidiens et mon 'etre spirituel', l'etat de conscience demandée pour une telle etude spirituelle.  En cela, je suis constamment guidé par la compréhension et la détermination que ce moi terrestre à un travail à faire et mérite norew respect et attention. Mais en même temps, il faut la mettre de côté pour pouvoir se concentrer sur l'étude spirituelle avec les autres. D'une certaine manière, j'ai besoin d'accueillir et d'inclure mon moi terrestre, ma conscience quotidienne, tout ce que mon éducation et mon expérience de personnalité forment en moi (voir les éléments non libres développés au chapitre 1), tout ce qui se passe ici et maintenant dans ma vie comme je suis en arrivant pour l'étude - et pourtant je dois mettre cela de côté. Je développe et trouve des moyens de laisser mon moi terrestre individuel et toutes ses préoccupations reposer, pour ainsi dire, dans les bras d'une compréhension aimante, dans le cœur, dans le centre calme, immobile, et de laisser le calme intérieur, la quiétude venir, puis élever et amener mes pensées vplus haut, pour devenir plus concentrée et dédiée à la l'étude.  De cette manière, le moi terrestre peut également être inclus, aidé et transformé par l’étude, de manière thérapeutique et curative. (Je suis particulièrement reconnaissante à mon professeure de meditation Claire Larondeau sein de sa pratique « Danse du Sensible », de m’avoir apporté cette expérience méditative d’accueil et d’acceptation.).

Je développe, affine et réinvente constamment des étapes de concepts pour me conduire à cet état ouvert de préparation à l'apprentissage, que je peux mettre en pratique avant de travailler et auquel je reviens lorsque cela s'avère nécessaire au cours de l'étude.  Je crée aussi consciemment un espace pour mes collègues, chaque personne que je trouve à travers le visage, le nom, la réunion, peut-être l'image de l'écran si je travaille via Internet, et en regardant doucement « derrière » qui est réellement là, en prêtant attention au qualité de cette expérience.

 
Après beaucoup de réflexion et de pratique, en substance, je dirais que je me pose la question suivante :
Est-ce que je veux apprendre ? Suis-je prêt.e à apprendre ?
Je me pose cette question, et j'écoute attentivement la qualité de la réponse intérieure... ce qui me motive vraiment et profondément à prendre ce chemin d'étude?
 
A gauche, 'Sanctuare Intérieur d'Etude' par notre collègue Arlette Molinari, à droite, une figure qui medite sa texte, Portail Nord de la Cathédrale de Chartres
 
Nous devons chacun.e être libre de trouver la préparation du laboratoire intérieur qui nous convient et qui nous convient selon où nous nous trouvons, nos croyances, notre niveau de compréhension, notre langage - ceci dit, dans notre expérience de travail en groupe sur la Philosophie de la Liberté, nous trouvons ce type de préparation en laboratoire très utile, voire vital pour une étude fructueuse ensemble.
 
J'ai décidé de partager quelques mots du début de mon processus, de mes étapes conceptuelles, à titre d'exemple : ce ne sont que des mots, et ils peuvent changer, ils ne signifieront quelque chose que dans la mesure où ils peuvent être vécus, mais peut-être qu'ils vous donnera une indication lorsque vous vous demanderez : comment puis-je préparer mon laboratoire d'étude intérieur ?
 
Mes premiers pas
 
Rassembler mon individualité au centre, le cœur (inclure, éviter de diviser…) … peu importe ce que je vis, ressens, lutte avec, qu'il s'agisse de joies ou de douleurs, je rassemble et invite mon moi terrestre individuel…
…dans mon centre, dans mon cœur, dans un lieu d’accueil, d’acceptation, de compréhension…
…à un endroit où il n’est pas nécessaire d’expliquer, de justifier quoi que ce soit…
…où je suis comprise…
…dans ce lieu de compréhension aimante, je découvre que je peux abandonner mes préoccupations actuelles...
 
…ici, où on s’occupe d’eux…
…où la quiétude et le calme intérieur  commencent à m’entourer… 
...et je consacre mon dévouement à l'étude en cours avec les collègues qui partagent mon laboratoire dans le moment présent...